
Dans le parcours du paternalisme de gauche traditionnel, les élus issus de cette mouvance politique ont toujours su se placer politiquement sur l’échiquier du pouvoir en se présentant comme les visages de l’acceptation, de l’ouverture d’esprit, de l’humanisme et de l’anti-racisme. L’immigré fut quant à lui le produit de l’échec historique qui suivit le début des indépendances africaines, et l’enfant de parents conditionnés à demeurer dans la servitude en vue de faciliter l’intégration de leurs enfants issus de la deuxième génération. En France, pour illustrer notre propos, les années 1980 voient le soulèvement de cette deuxième génération d’immigrés maghrébins souhaitant être considérés comme des Français à part entière.
Pris en otage entre des parents exploités et conditionnés pour regarder le monde occidental comme supérieur en tout, et face à l’attente d’une certaine reconnaissance qui ne viendra jamais, ces descendants d’immigrés ont été, sur trois générations, les produits d’une médiocrité sociale, culturelle et politique. En vérité, que les descendants d’immigrés soient des fils d’esclaves (Antillais), de colonisés (Africains), les membres issus des deux catégories ont été exposés au même processus de destruction intérieure. Aux yeux des institutions, ces Noirs n’étaient que des parias, des ennemis présents sur le sol européen occidental pour des raisons d’exploitation économiques. Ainsi, les maintenir dans un vide culturel et politique devait être primordial.
Conditionnés à mépriser l’Afrique et les cultures africaines de leurs parents car perçues comme le summum de la primitivité, les descendants d’immigrés ont trouvé dans la culture noire américaine un entre-deux parfait qui leur permit de revendiquer une négritude souvent rabaissée en Europe. Certains Noirs de France tels que Rokhaya Diallo, surtout dans le prisme du mondialisme, cherchent à renforcer cette proximité politique entre Noirs Américains considérés par les activistes noirs français médiocres comme les idéaux de la perfection. Le Noir Américain est vu, même par l’Européen occidental le plus raciste, de manière positive. Il est la première minorité du pays le plus puissant du monde, est occidentalisé à travers le concept de blackness, parle l’anglais, et possède une nationalité et un passeport américains. Le drame du Noir Américain réside dans sa construction, sa fabrication coloniale. Il fut un déporté par l’esclavage à qui les attributs africains furent retirés afin de le maintenir dans un vide spirituel fini. Malgré cet isolement et la violence endurés, les Noirs Américains ont réussi à créer une bonne partie de la culture occidentale à travers plusieurs courants musicaux. Ainsi, l’Européen occidental valorise l’exemple Noir Américain non pas par amour pour ce dernier, mais en raison de la réussite du processus de déshumanisation et de déracinement dont il fut victime et qui fit de lui un Américain à part entière.
Le même processus de déracinement fut tenté d’être imposé sur les immigrés noirs vivant en Europe occidentale, mais les cultures blanches européennes à cette époque ne pouvaient rivaliser avec celle des Etats-Unis. En ce sens, elles ne représentaient un attrait important pour l’individu soumis et colonisé.
Alors, bien que suspendues entre l’échec politique, social et culturel, on eut exposé les populations noires à la culture noire américaine dans sa bassesse à travers le hip-hop, non pas par désir de donner à ces groupes une force d’identification, mais pour les humilier, par la création d’une sub-culture noire faite d’amusement et de divertissement. Alors que ces groupes immigrés se sont tournés massivement vers le hip-hop américain par souci d’identification, les pouvoirs politiques de gauche, souvent très paternalistes envers ces descendants d’immigrés, n’ont eu aucun problème à appuyer sur le bouton de l’accélération du déracinement de l’essence des êtres perdus, en les valorisant comme une richesse sociale pour l’Occident, toutefois conscients de l’horreur que ces individus incarnèrent comme malheur.
Les pouvoirs de gauche considèrent ces descendants d’immigrés comme de grands enfants ayant besoin de leaders blancs afin de les guider dans la violence du monde occidental. Le Blanc de gauche fut donc cet ami, ce gentil Blanc présent lorsque l’immigré subissait les attaques du Blanc de droite conservateur. En plus de la pauvreté culturelle, où les sous-cultures des banlieues et des capitales africaines s’entremêlent pour le pire, le Noir immigré et ses descendants ont une vision politique minable, car manichéenne. Le Noir n’est que la victime perpétuelle d’un système capitaliste, et le Blanc l’oppresseur. Il ne comprend donc pas les rouages, les ambiguïtés, les particularités du système occidental qui ne peut à présent ne plus être divisé en blanc et en noir, dès lors que les Noirs et Métis, à l’image de Barack Obama et de Kamala Harris, sont devenus les visages noirs et métis de la suprématie blanche occidentale. Les descendants d’immigrés, contrairement à leur vision manichéenne, ne sont pas des autres, mais des Occidentaux à part entière, qu’ils soient d’ascendance maghrébine, ouest africaine ou centre-africaine et antillaise.
Mais dans cette occidentalisation noire, l’essence, la source africaine, mais aussi européenne, sont entièrement effacées au profit d’un foutoir mondialiste où les théories politiques les plus folles et improbables deviennent les nouveaux combats à revendiquer.
La pauvreté intellectuelle des Africains français provient des familles. Souvent issus d’une grande misère en Afrique, les miettes qui leur sont données par les institutions occidentales sont accueillies par les parents qui voient dans le système HLM un luxe qu’ils n’avaient pas en Afrique. En ce sens, afin de garder ces descendants d’Africains dans la misère, les institutions occidentales firent exprès de valoriser les profils misérables au détriment des travailleurs afin de faire des parents de ces immigrés des esclaves assistés dont le regard serait tourné vers les miettes économiques versées tous les mois. Pour les mères les plus détruites par la violence du travail, ces dernières supportent la brutalité car vivant en Occident, et donc dans la sphère de la richesse. Cette pauvreté intellectuelle produit une limite qui ne permet pas aux parents, et aux descendants de voir au-delà de leur environnement bas.
Pourtant, ces problématiques sont balayées, dès lors que les partis de gauche en Occident considèrent la présence d’immigrés comme une richesse.
D’un autre côté, les familles issues de la bourgeoisie noire africaine, construites durant le colonialisme, méprisent les classes noires les plus basses des banlieues, en raison de leur éducation inférieure et de leur pauvreté. Ces familles bourgeoises se vantent puisqu’elles ont accès à l’éducation, aux finances. Elles jouissent du fait de ne pas être totalement apparentées aux autres Noirs, dès lors que le symbole de réussite doit demeurer blanc, les institutions occidentales étant considérées comme profondément supérieures en tout. Ces familles bourgeoises contribuent à la poursuite du déracinement au sein des foyers. Là, l’Afrique est vue de loin, de manière déconnectée. On la loue quelques fois, et la détruit souvent, laissant transparaître quelques larmes nourries par le rappel constant du fait qu’aucun Blanc ne finira par reconnaître ces familles bourgeoises noires profondément méprisées, car noires et mimant le Blanc. Ces clans bourgeois restent dans l’attente d’être reconnus par les institutions blanches, envoient leurs enfants étudier dans les meilleures écoles catholiques, soutiennent le blanchiment, et contribuent au blanchiment des enfants qui ne savent plus où se positionner, car sans culture et identité.
Plus de cinquante ans après les premières vagues migratoires massives en France et en Belgique, nous réalisons donc le degré de violence dont les groupes de descendants d’immigrés furent victimes. Ils furent suspendus en vue d’atteindre le summum par l’intégration totale, le déracinement, mais surtout le blanchiment. Ces derniers embrassèrent le concept d’occidentalisation comme supérieur en tout, mais ils se sont vidés de leur héritage africain et/ou européen, par les coutumes, la spiritualité, le mondialisme et l’américanisation de leurs moeurs. Mais en échange de cette avancée, de ce progrès, de cette fierté à avoir été accepté dans les plus grandes écoles parisiennes, belges ou hollandaises, se cache un problème véritable: le vide intérieur.
Par Victoria “VKY” Kabeya. Tous Droits Réservés, 2023©