Il y a quelques jours, le rappeur, compositeur et interprète Maître Gims donna une entrevue à la plateforme OUIHUSTLE. Si l’échange couvre plusieurs thèmes chers à la vie du musicien, comme sa carrière, sa famille et son évolution personnelle, un passage particulier fut repris sur les réseaux sociaux. Là, le rappeur traite de son héritage africain et parle de l’histoire africaine antique. Il déclare, de manière maladroite, que les pyramides étaient des centrales éléctriques qui alimentaient l’environnement égyptien. Ces déclarations n’ont pas tardé à faire le tour du web et furent moquées. Très vite, des spécialistes et historiens blancs français prirent la parole pour nier ce fait.
Ces réactions furent motivées pour deux raisons principales. Tout d’abord, la France, pays aux institutions scientifiques eurocentristes, fait partie de ces rares nations occidentales où les historiens refusent de reconnaître l’origine négro-africaine de l’Egypte. Au fil des ans, les historiens français ont fait l’effort de se compromettre. S’ils ne cherchent plus à défendre l’idée selon laquelle les anciens Egyptiens étaient totalement blancs, ils favorisent davantage l’argument selon lequel ces derniers appartenaient à une société multiraciale mélangeant des Noirs et des Blancs. Cet argument vise toujours à empêcher de reconnaître le fait véritable que ces Egyptiens étaient de souche négroïde-africaine. Comme nous le savons, l’eurocentrisme ne vise pas simplement à blanchir une population, mais à imposer le principe selon lequel, les fondateurs d’une dite civilisation non-européenne, étaient blancs. Puis, les propos de Gims furent moqués en raison du mépris profond des populations modernes envers les peuples antiques. En raison du développement technologie, l’homme moderne, aussi bien blanc que noir, porte un dédain envers les peuples antiques. Ces derniers n’étaient bons qu’à faire la guerre en tunique et à jouer de la flûte en attendant la tombée de la pluie.
Pourtant, les héritages égyptien, romain, kushite et mexicain antique dépassent fortement la technologie moderne. Dans le monde méditerranéen, les Romains et les Grecs n’étaient pas du tout similaires à leurs descendants modernes dont la pensée raciste et la vision du monde furent nourries par la déshumanisation de l’Africain au cours de l’esclavage. Les Romains et Grecs étaient beaucoup plus progressistes, avancés et intelligents que leurs descendants quant aux questions raciales. Si ces derniers dominaient et furent coupables de crimes de guerre en Afrique et au Moyen-Orient modernes, leurs motivations ne furent jamais nourries par une pensée de supériorité raciale, mais plutôt par un simple désir d’accroître leurs finances. Les Gréco-romains éprouvaient un grand respect pour le monde négro-africain. Et si les Romains étaient un peuple blanc, une minorité noire et métisse romaine existait également. Le pouvoir romain ne basait pas la culture romaine sur la couleur de peau et sur la race, mais plutôt sur des valeurs communes partagées. De la même manière, le monde grec fut davantage multiracial et métis que ce que le monde moderne veut penser. Si les Gréco-romains sont exploités par les groupes d’extrême droite pour soutenir l’idée d’une race européenne blanche pure et supérieure, les anciens auraient probablement rejeté ces idées.
Que dire donc de leur technologie?

En pensant au monde antique, les populations modernes auraient du mal à croire que leur espace pouvait être compatible avec le progrès et la technologie. Pourtant, jusqu’à nos jours, les historiens occidentaux qui pensent détenir la toute-puissance n’ont jamais su établir les moyens employés derrière la construction exacte des pyramides antiques. Ce secret démontre que la pensée, la maîtrise scientifique des Egyptiens anciens dépassait celle des nôtres. Les Romains construisirent des structures hydrauliques qui fonctionnent encore aujourd’hui en Italie avec leur intelligence, grandeur et avancée psychologique.

L’attaque envers Maître Gims est donc associée au dédain pour les cultures antiques, mais elle est aussi ancrée dans un racisme dès lors que les auditeurs, historiens et chercheurs considèrent l’Afrique comme un espace aussi limité que le leur en occident. Si les Occidentaux découvrirent l’électricité au XIXème siècle, le reste du monde ne pouvait donc pas avoir accès à la technologie également. Pourtant, ces spécialistes historiens blancs de l’Egypte antique ont une vision profondément eurocentrée, si bien que la réalité biologique, naturelle de l’évolution du corps noir dans son environnement n’est jamais prise en compte dans leur étude, puisqu’ils ne considèrent pas les Egyptiens comme des Africains, mais comme des individus multiraciaux. A dire vrai, l’histoire orale africaine, qu’il s’agisse de récits liés à la création ou non, est profondément ancrée dans la technologie.
L’Africain et la technologie
Maître Gims évoqua l’existence du royaume de Kush au cours de son entrevue. Kush fut le pouvoir le plus puissant dans l’histoire africaine. Les Kushites furent aussi connus sous le nom d’Aethiopiens occupant une terre, l’Aethiopie, qui n’était rien d’autre que toute l’Afrique centrale. Evoquée dans le Bible, cette terre fut connue pour la richesse de ses minéraux. Si les historiens occidentaux modernes ont cherché à couper l’Afrique centrale du reste de l’histoire du monde dans le cadre de la déshumanisation de l’Africain, Kush/Aethiopie fut un berceau de civilisation scientifique.
Si la région est à présent perçue comme un espace où évoluent des noirs cannibales spécialistes de la découpe à la machette, elle fut originellement attachée à la supériorité scientifique et technologique. En 1950, au temps de la colonisation belge au Congo, le géologue belge Jean de Heinzelin de Braucourt découvrit l’os Ishango dans la région du nord-est du Congo (RDC). L’os portait des marques démontrant que les individus l’ayant en leur possession l’avaient utilisé comme outil mathématique, astrologie, si bien qu’Alexander Marschack considéra l’objet comme la représentation d’un calendrier lunaire. Cet os serait à l’origine des mathématiques et date de l’ère Paléolithique supérieur, soit de 18 000 à 20 000 ans avant notre ère. Toutefois, cet os n’est pas le plus ancien, ce titre étant attribué à l’os Lebombo localisé en Afrique du sud et en Eswatini modernes datant de 40 000 ans avant notre ère. Là encore, les scientifiques ont suggéré l’idée selon laquelle des femmes africaines auraient utilisé l’objet pour en faire un calendrier lunaire.
Les mathématiques sont donc nées en Afrique négroïde. La région d’Afrique centrale, y compris dans l’ancien empire Kongo qui verra le jour bien des millénaires après la fabrication de l’os Ishango, brillèrent également par leur cosmogonie.
Dans un autre cas scientifique et technologique, l’exemple des Dogons en Afrique de l’ouest porte un tout autre intérêt spectaculaire. Descendants d’Egyptiens, les Dogons ont quitté leur terre d’origine il y a des siècles pour s’établir en Afrique de l’ouest. Leurs connaissances scientifiques et astrales ont surpassé celles de la NASA en occident. En effet, ce peuple noir africain ayant évolué à part pendant des siècles fut capable de déterminer l’existence et la position de l’étoile SIRIUS avant même que celle-ci n’ait été découverte et photographiée par les chercheurs américains. Les Dogons affirment avoir un lien direct avec l’étoile SIRIUS B invisible à l’oeil nu. Pourtant, comme toujours, les propos des Dogons quant à SIRIUS B furent remis en question par les chercheurs blancs qui n’ont pas hésité à se demander si leurs affirmations ne furent pas simplement répétées. Dans ce prisme colonial, il était impossible aux Africains d’avoir accès à de telles connaissances. Cependant, les Dogons ont non seulement prouvé l’existence de SIRIUS A et B, mais les hommes ont affirmé l’existence d’une troisième étoile dans le système. Chaque fois que l’étoile apparaît, les hommes la célèbrent et réalisent des rituels. La NASA a su confirmer la connaissance de ces individus dont la parole fut remise en question en raison de leur race et façon de vivre.
Les Pierres Electriques du Congo
L’existence des pierres électriques au Congo et en Afrique centrale ne sont pas un phénomène nouveau. Dans les récits familiaux, les anciens congolais évoquaient fréquemment l’existence de ces matières. La République démocratique du Congo se trouve sur les terres de l’ancienne Aethiopie/Kush. Cette terre fut connue et décrite par les Bible et par les Gréco-romains comme une région riche qui regorgeait de ressources rares telles que le diamant, l’or, l’ivoire, entre autres.
Dans ce prisme de technologie, la RD Congo est également un pays profondément pillé pour ses ressources naturelles, notamment le coltan qui permet aux multinationales, à la Silicon Valley d’y exploiter les matières afin d’accroître la production de téléphones portables, mais aussi de voitures électriques. Depuis son indépendance ratée en 1960, le Congo est détruit de l’intérieur par les sociétés étrangères ayant développé une obsession pour ces matières.
On retrouve parmi ces ressources, des pierres capables de recharger une forme d’électricité. Toutefois, cette réalité fut considérée comme une fake news de la part des médias occidentaux. Après la diffusion de la vidéo, les journalistes blancs se sont empressés d’aller interroger les spécialistes scientifiques de Harvard et d’Orxford donc la connaissance scientifique se limite uniquement à leur vision européenne. Ces derniers sont ignorants à la biologie africaine, et à la mouvance du corps africain dans son environnement. Tout comme pour l’archéologie, les Européens et Américains blancs sont parvenus à l’élaboration de leurs conclusions du continent africain qu’ils ne connaissent pas. Pour une nation comme l’Ethiopie moderne, seul 5% des études archéologiques furent organisées, si bien que la majorité du continent demeure un mystère pour les chercheurs occidentaux arrogants désireux d’imposer leur vision.
Si l’électricité et son usage sont perçus comme modernes, l’Afrique négroïde a connu la révolution technologique depuis des millénaires, celles-ci prenant source en Afrique centrale, soit la base de l’évolution du continent.
Par Victoria “VKY” Kabeya. Tous Droits Réservés, 2023.
[1] Gaia Magazine, “Was the Sirius Star System Home to the Dogon African Tribe?”, GAIA, 2019 https://www.gaia.com/article/did-this-african-tribe-originate-in-another-star-system
[2] “The Ishango Bone: Craddle of Ancient Mathematics”, African Heritage, 2013 https://afrolegends.com/2013/08/29/the-ishango-bone-craddle-of-mathematics/
[3] Pomeroy, Ross, “Is the 20,000-Year-Old Ishango Bone the Earliest Evidence of Logical Reasoning?”, REAL CLEAR SCIENCE, 2015 https://www.realclearscience.com/blog/2015/11/the_earliest_evidence_of_logical_reasoning.html
[4] Bradshaw, Lisa, “Congo to request return of famous Ishango Bone” The Bulletin, 2021
[5] Kamalu, Chukwunyere, “THE WORLD’S FIRST KNOWN MATHEMATICAL SIEVE AND TABLE OF THE SMALL PRIME NUMBERS”, Misingi Afrika, 2021 https://www.msingiafrikamagazine.com/2021/03/the-ishango-bone/
[6] McDaid, Liam. “Legends of the Dogon: belief in a long-solved mystery resurfaces.” Skeptic [Altadena, CA], vol. 11, no. 1, spring 2004, pp. 40+. Gale Academic OneFile, link.gale.com/apps/doc/A119898794/AONE?u=anon~94cbe90f&sid=googleScholar&xid=df3dfd4f.
[7] “5 Ways Roman Technology was Ahead of its Time”, Saint Louis Science Center, https://www.slsc.org/roman-technology/
[8] McFadden, Christopher, “16 historical Roman inventions that shaped the modern world”, Interesting Engineering, 2022, https://interestingengineering.com/innovation/19-greatest-inventions-of-the-roman-empire-that-helped-shape-the-modern-world